Biodiversité et services éco systémiques : Comment concilier usage et gestion durable

7 mars 2022

La réponse se trouve dans l’évaluation nationale dont la validation se déroule depuis le 26 janvier à Mbankomo, banlieue de Yaoundé.

La place prépondérante de la biodiversité dans le bien-être des populations se révèle davantage ces temps. En fait, les Nations Unies reconnaissent qu’à peu près 60 % de toutes les maladies infectieuses qui affectent l’homme sont des zoonoses, des affections transmises aux individus par le truchement des animaux (domestiques et surtout sauvages).

Ainsi, d’une part, la fièvre Ebola, la grippe aviaire, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le virus Nipah, la fièvre de la vallée du Rift, le syndrome respiratoire aigu soudain (SRAS) encore appelé coronavirus, le virus du Nil occidental, entre autres qui provoquent des insomnies aux chercheurs et aux populations aujourd’hui sont principalement  provoqués par la destruction des écosystèmes.

D’autre part, à côté de ces effets négatifs, la richesse naturelle fait ses preuves dans la prise en charge de nombreuses pathologies dont la redoubtable pandémie du coronavirus déclenchée au Cameroun en mars 2020 et dont sont déjà morts plus de 500 citoyens. Une demie dizaine de dérivés des produits naturels ont déjà été homologués comme adjuvants pour accompagner les traitements du COVID-19. Comment concilier ces usages à la gestion durable de la biodiversité. Gestion durable  pour laquelle le Cameroun s’est engagé en 1994 en ratifiant la Convention cadre des Nations Unies sur la biodiversité (diversité biologique) ?

L’examen et la validation finale de l’évaluation nationale de la biodiversité et des services écosystémiques

Depuis que le Cameroun a ratifié la Convention sur la biodiversité, plusieurs programmes ont été mis en place et le Cameroun marque de bons points. Lors du bilan qui a été fait récemment, le pays était parmi les meilleurs. Nous allons continuer sur la même lancée, il est même question que nous allions au-delà de ce que nous faisons actuellement », indique le Ministre de l’Environnement de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDE), Hélé Pierre. Le MINEPDED ouvrait ainsi l’atelier de trois jours pour la validation de l’évaluation nationale de la biodiversité et des services écosystémiques, le 26 janvier 2022 dans une banlieue de Yaoundé.

Comme objectif global, l’atelier devait permettre l’examen et la validation finale de l’évaluation nationale de la biodiversité et des services écosystémiques et les messages clés du SPM par la Plateforme Nationale de l’Interface Science-Politique pour la biodiversité et les services écosystémiques. L’une des questions fondamentales à laquelle il fallait répondre était : « Comment la science peut-elle jouer un rôle pour éviter la perte de la biodiversité ? », va indiquer le Dr Zeh Nlo, représentant de Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) aux travaux. Celui-ci rappelle que :

 « La biodiversité et ses services occupent une place de choix pour le bien-être de la population, dans son développement. Plusieurs produits de la nature sont utilisés par les industries pharmaceutiques, entre autres. Voilà pourquoi, au niveau du système des Nations Unies, nous sommes beaucoup intéressés par la compréhension des moteurs du changement, de la perte de la biodiversité et des valeurs des services écosystémiques. » « L’Evaluation Nationale de la biodiversité et des services écosystémiques (NBESA) vise à renforcer l’interface entre la recherche scientifique et la politique sur la biodiversité et les services écosystémiques en effectuant des évaluations de la biodiversité et des écosystèmes pertinents pour les politiques et en intégrant leurs résultats dans la prise de décision aux niveaux national, sectoriel et local par le développement et l’utilisation des outils de soutien aux politiques associés », va-t-il expliquer.

Le Cameroun bénéficie des appuis du PNUD et du Fonds Mondial pour la Nature (WWF), entre autres.

Le MINEPDED appelle à la notion de conservation des ressources naturelles malgré les contraintes de la modernité. « La biodiversité est importante pour notre bien-être. Mais avec l’évolution, nous avons tendance à prélever plus que ce qu’il faut. C’est vrai que nous avons mis en place une politique de gestion durable de la biodiversité qui exige de couper en pensant aux générations futures, à leurs intérêts. Si vous coupez, il faut reboiser », conseille-t-il.

Bien qu’il se réjouisse de ce que : « Après la ratification de la Convention sur la biodiversité, nous avons pu avoir une loi sur l’Accès aux ressources génétiques et le Partage équitable des Avantages issus de leur exploitation (APA). » Le ministre insiste : « Si tout est enlevé, d’ici 2050 ou 2100, nous ne serons plus là mais il faudra que nos enfants puissent aussi jouir des fruits de la nature. Il faut penser aux peuples autochtones (PA). La loi APA le permet et je pense que les choses iront mieux, par la grâce de Dieu ».

Même en faisant appel à Dieu, Dr Zeh se convainc de ce qu’il est important : « de réaliser des évaluations nationales sur l’état de la biodiversité, de ses services, notamment les écosystèmes, est central pour une information éclairée sur la base des données de la biodiversité dans les différentes régions du Cameroun ». C’est ce à quoi s’est attelée depuis 2017, la Plateforme Nationale de l’Interface Science-Politique pour la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (PN-SPBES), l’équipe nationale de l’évaluation BES a mené une approche méthodologique IPBES pour produire un draft du rapport de l’évaluation. Cette dernière a été soumise à l’analyse de la PN-SPBES lors d’un atelier d’examen, d’évaluation et de pré-validation de l’évaluation qui s’est tenue. Dans ce cadre, le Cameroun bénéficie des appuis du PNUD et du Fonds Mondial pour la Nature (WWF), entre autres.

Dernière modification: 21 juin 2022

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