Sahel vert

La zone soudano-sahélienne du Cameroun qui couvre les régions administratives de l’Extrême-Nord et du Nord est de loin la plus touchée par la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse (DDTS). La précarité croissante du capital naturel de cette entité pédoclimatique interpelle davantage l’action publique, compte tenu des conséquences sur les populations (baisses des rendements agricoles et diminution des revenus monétaires et paupérisation croissante…). Le Gouvernement du Cameroun a pris la pleine mesure de la situation à travers des réformes de stratégies, des politiques de développement, du cadre juridique et réglementaire et des institutions depuis la fin des années 1980, marquant ainsi son engagement et son profond attachement pour la lutte contre la DDTS.

D’un point de vue opérationnel, le Gouvernement du Cameroun a pendant les années 1970/80 initié et mis en œuvre un vaste programme de reboisement dénommé « Opération Sahel vert », le but étant de maitriser l’avancée du désert, de sensibiliser et d’éduquer les populations à des gestes citoyens de préservation environnementale. Sa mise en œuvre a cependant souffert des conséquences de la crise économique qu’a connue le pays à partir de 1987. Cette opération a été relancée dans la région de l’Extrême-Nord en 2008 par le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) à travers des activités de reboisement financées par le budget d’investissement public de l’Etat du Cameroun (BIP). Cette relance s’inscrivait dans la mise en application du PAN/LCD (2006) dans le cadre du respect de l’engagement du Cameroun vis-à-vis de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

La lutte contre la DDTS tant au niveau national qu’international est toutefois marquée ces deux dernières décennies par des dynamiques qui touchent les mécanismes nationaux et internationaux de préservation environnementale, les acteurs de cette lutte (émergence des Organisation de la Société Civil et des Organisations paysannes et des Partenaires Techniques et Financiers), le cadre réglementaire. A cet effet, la poursuite du Projet « Opération Sahel vert » impose la prise en compte de ces dynamiques. Le rôle croissant de la diversité des acteurs de la lutte contre la DDTS invite à redéfinir le cadre réglementaire et juridique de leurs interventions en vue de veiller à la préservation des intérêts des communautés bénéficiaires. Le développement de nouveaux mécanismes et dispositifs internationaux de préservation environnementale implique à un niveau supérieur, des instances supra nationales dans les politiques publiques. L’élaboration et la mise en œuvre des Projets doivent s’arrimer aux cadres internationaux de validation des résultats par l’harmonisation des indicateurs pertinents. La réactualisation du Document de référence du Projet « Opération Sahel vert » vise donc à prendre en compte les dynamiques en cours susceptibles d’impacter la mise en œuvre efficiente des stratégies opérationnelles de lutte contre la désertification et la dégradation des sols dans la zone soudano-sahélienne.

La méthodologie adoptée pour cette réactualisation s’articule en cinq points :

  • une revue documentaire conséquente sur les différents domaines liés à la dégradation des terres au Cameroun et aux Projets « Sahel vert » et « Aménagement du Bassin Versant de la Bénoué » ;
  • les entretiens avec les acteurs-clés du processus de lutte contre la désertification ;
  • l’analyse des données géoréférencées existantes (données SIG, Cartes, bases de données, etc.) ;
  • l’organisation des missions de terrain en vue de confronter la réalité aux données géoréférencées existantes pour une orientation judicieuse des interventions futures de l’Etat et de ses partenaires ;
  • l’organisation de deux ateliers de validation du document réactualisé.

A travers le présent document, le Gouvernement de la République réitère sa ferme volonté d’œuvrer durablement à la restauration des terres dans les zones affectées par la désertification en luttant contre la dégradation des terres et en contribuant à l’augmentation de la fertilité des sols. Ce but s’inscrit dans l’objectif global de lutte contre la pauvreté et dont la vision est définie dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE).